Le film « Il reste encore demain » est une comédie dramatique italienne, réalisé par Paola Cortellesi, connue pour être humoriste et présentatrice tv en Italie et qui porte le rôle principal.
Ce film est un véritable phénomène en Italie qui a attiré plus de 5 millions de spectateurs en 2023, faisant plus d’entrée que les films Barbie ou Oppenhiemer qui ont cartonné cette année.
Il est sorti en France le 13 mars 2024.
Histoire
On suit Délia, mère de 3 enfants, mariée à Ivano, à Rome, fin des années 40. La guerre vient à peine de s’achever, des soldats américains sont encore présents en ville, les tickets de rationnement conditionnent toujours l’alimentation.
Ivano est un mari autoritaire et violent, on suit Délia dans sa vie quotidienne entre ses petits boulots, le marché, les rencontres avec ses voisines…. Elle doit toujours demandée l’autorisation à son mari pour ses moindres faits et gestes.
J’ai eu un grand attachement à la personnage principale Délia, c’est un beau portrait de femme.
Avant de rentrer dans les détails, je vous recommande vivement d’aller voir ce film! Une comédie rafraîchissante pour le cinéma italien, riche de symboles notamment féministes, c’est un film qui fait du bien! Ne le rater pas !!
Attention! Les commentaires suivants font référence à l’intrigue du film et ses différents thèmes, si vous ne souhaitez pas connaître les révélations de l’histoire, passer la suite de l’article et rendez-vous en conclusion.
Une comédie ?
Malgré ses thèmes dramatiques, Il nous reste encore demain est un film drôle: les garçons qui n’arrêtent pas de se chamailler, le beau père qui se plaint tout le temps, les réparties des amies de Délia…
Il est difficile de conjuguer dans un film l’humour et le drame. Je trouve que le cinéma coréen y arrive magnifiquement bien dans des films comme The Host de Boon Jong Ho ou encore A Taxi driver où drames, voire horreur cohabitent avec des scènes plus légères et comiques.
Mais aussi, et j’avoue de pas encore savoir quoi y penser concernant les scènes de violences conjugales:
Il y a plusieurs scènes de violences conjugales dans ce film:
Tout le monde sait, personne ne dit rien. Les enfants y sont habitués et rentrent dans leur chambre dès qu’ils pressentent une nouvelle scène.
Pour celle qui est la plus intense, la réalisatrice a choisi de la « chorégraphier »:
Les deux protagonistes, tout en comprenant bien les enjeux dramatiques pour le spectateur, commencent à danser cette scène de violence en dansant un tango…
Interview de la réalisatrice au magazine Le Point:
« Le détail de la violence ne m’intéressait pas. Ce que je voulais montrer, c’était la routine, l’habitude, le rituel qui s’accomplit.
Comme une danse, quelque chose qui se produit chaque fois. »
Je ne sais pas quoi penser de ce parti pris, en visionnant le film je me suis demandé mais pourquoi? Pourquoi montrer une scène de violence par une danse qui tempère et adoucit énormément le propos et la représentation de la violence, même les marques ou blessures sur Délia sont pour la plupart effacées. Pour plaire au grand public?
Même si nous n’avions pas besoin de voir toute la séquence et les coups portés, une autre mise en scène par exemple un hors-champ avec une musique légère aurait eu un impact plus fort.
Ne pas montrer la violence favorise toujours les agresseurs. Ce point m’a un peu déçue même si le film montre bien les violences psychologiques avec les privations et humiliations quotidiennes.
Les femmes dans le film
- La fille de Délia, effet miroir:
Marcella souhaite se fiancé, elle sort avec un garçon qui va la demander en mariage, une aubaine pour cette famille pauvre, une désolation pour la famille du fils qui tient un des bars de la ville et dont le statut social est supérieur.
La scène de repas entre les deux familles est magistrale entre tension et comédie!
Seulement, Délia s’aperçoit que le fiancé de sa fille s’apprête à offrir la même vie qu’elle à Marcella qui sera probablement condamnée à rester à la maison et obéir à son mari. Délia trouvera une solution astucieuse pour sauver sa fille.
- Les amitiés féminines:
J’aime toujours retrouver à l’écran de trop rares amitiés féminines. Délia va trouver un lien fort, une aide, un soutien en la marchande au marché, Marissa. Une complicité qui a fait plaisir à voir.
- La liberté des femmes:
Délia tente d’échapper a son quotidien. Le dernier quart du film est très réalisé, on ne sait pas jusqu’au bout ce qui va se passer. Et l’on comprend alors le titre: « Il reste encore demain ».
L’émancipation n’est pas qu’un vœux mais va devenir réalité. Cette volonté s’accompagne d’un aspect très moderne du film avec un noir et blanc lumineux et une bande-son qui dynamise bien le propos.
Interview de la réalisatrice au magazine Le Point:
« Mon héroïne ne se sauve pas grâce à un homme, mais en retrouvant le respect d’elle-même, en prenant conscience de ses droits. »
Conclusion
- Film phénomène:
En Italie, violences conjugales au cœur du débat:
Quelques jours après la sortie du film, un violent féminicide a lieu d’une jeune étudiante tuée par son ex petit ami et relance le débat sur la violence du patriarcat dans tout le pays autour de ces questions.
Ce succès reste quand même une prouesse, les italiens vont de moins en moins au cinéma et voir autant de monde se déplacer pour aller voir un film sur le féminisme fait plaisir. Je ne peux que vous recommander d’aller le voir, c’est un succès amplement mérité.
- Film italien:
Je ne connais pas assez les films italiens mais ça m’a beaucoup fait penser au film: dans le noir et blanc, dans cette ville de Rome qui renaît, dans les affres de l’après guerre, dans le style du néo réalisme Italien impressionnant de vitalité dans les dialogues et les personnages!
« Rome ville ouverte » de Roberto Rossellini, 1945.
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